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une algerie meilleure

6 février 2011

la situation en Algerie; bombe a retardement

Des documents Wikileaks publiés récemment ont fait ressortir la manipulation qui sévit en Algérie, notamment en raison du contrôle qu'exerce l'appareil sécuritaire et militaire algérien sur toutes les facettes de la vie dans ce pays. De la politique en passant par l'économie, les documents donnent l'image d'un pays "malheureux", ou les problèmes sécuritaires sont instrumentalisés pour justifier les graves violations des droits de l'Homme et ou les revenus des ressources gazeuses sont exploités par une poignée de responsables, au moment où le reste de la population vit dans "l'aliénation politique et l'exclusion sociale". Les documents Wikileaks indiquent que les questions politiques et la réforme constitutionnelle, visant à servir l'élite au pouvoir, était la seule préoccupation du régime algérien, au moment où les problèmes socio-économiques qui prennent en otage la majorité de la population algérienne ne figuraient pas parmi ces préoccupations. "Il y a un déficit scandaleux dans le secteur du logement, au moment où le chômage et le sous-emploi (au moins 50 parmi les jeunes) est endémique", lit-on dans l'un des documents Wikileaks.

Face à cette situation, ces documents enseignent que "plusieurs jeunes algériens tentent de fuir le pays, a bord de petites embarcations si nécessaire". Les documents Wikileaks parlent de plusieurs indicateurs "éloquents" qui montrent à quel point la population est "malheureuse". Le grave déficit social, les problèmes économiques dont la hausse des prix des produits alimentaires, ont conduit à des grèves quasi-hebdomadaires dans plusieurs secteurs de l'activité, dont l'enseignement, et des manifestations presque quotidiennes contre des locaux gouvernementaux dans des régions isolées, indiquent les documents. Un tel malaise social s'est traduit par une désaffection de la population algérienne à l'égard de la vie politique, indiquent les documents, qui rappelle, dans ce contexte, que "le taux de participation lors des élections législatives et locales algériennes de 2007 a atteint son niveau le plus bas, car les jeunes Algériens estiment que le système politique est en déphasage avec les problèmes du pays". "La majorité de l'élite politique et sociale sent que l'Algérie est en dérive", soulignent les documents. Les documents Wikileaks font ressortir une importante hausse des revenus de l'Etat algérien dont les réserves en devises ont atteint en 2007 environ 110 milliards de dollars. "Le public est au courant de cette richesse mais il est tout à fait conscient de l'incapacité du gouvernement algérien de régler des problèmes comme ceux du logement et de l'emploi", indiquent les documents, soulignant que ces problèmes "portent un coup à la crédibilité du gouvernement algérien".

Bombes à retardement

"Le gouvernement algérien semble incapable de régler les problèmes systématiques" dont la bureaucratie et la centralisation qui freinent les investissements privés, relèvent les documents, qui soulignent que "cette incapacité trouve son origine dans le manque de vision" au haut niveau de l'Etat algérien. Les documents soulignent, par ailleurs, que le mécontentement social en Algérie offre à l'organisation Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) un terrain fertile pour trouver de nouvelles recrues. Faisant état de menaces aux intérêts occidentaux en Algérie, les documents indiquent que l'AQMI a porté un coup dur au plan d'amnistie proposé par le gouvernement algérien. Le gouvernement algérien "a été affaibli dans les débats internes avec les faucons de la direction des services de sécurité", notent les documents, qui font également état d'une perte de crédibilité des services de sécurité parmi la population algérienne et la communauté occidentale en Algérie.

Les documents soulignent que l'attaque commise en décembre 2007 contre les locaux des Nations unies à Alger a embarrassé le gouvernement d'Alger. "Lorsque l'ONU a annoncé son intention de mener sa propre enquête sur les défaillances sécuritaires avant l'attaque, les autorités algériennes hyper-susceptibles ont réagi avec acharnement et obligé l'ONU à abandonner son plan", lit-on dans les documents. Le service algérien de renseignements militaires, qui s'occupe de la lutte antiterroriste, a été qualifié de "susceptible et paranoïaque" dans les documents Wikileaks, qui reviennent sur les vagues de ressortissants algériens ayant rejoint les rangs des jihadistes en Irak.

D'après ces documents, environ 64 combattants algériens se trouvaient en Irak entre 2006 et 2007. Les responsables algériens refusent de discuter des questions sécuritaires, notamment la lutte contre l'AQMI, en public, notent les documents, qui mettent en exergue "les capacités administratives limitées" des officiers algériens. Selon les documents, "la méfiance des Algériens est le résultat de la bureaucratie et le paranoïa". Les officiers des services de renseignements militaires algériens "cherchent à renforcer leurs propres positions au sein de la structure du pouvoir algérien" en contrôlant la coopération sécuritaire avec l'Occident.

Abordant la politique étrangère de l'Algérie, les documents soulignent que le gouvernement d'Algérie demeure "mal-informé" quand il s'agit des développements dans la région. Il est à noter que les documents citent la question du Sahara comme l'un des principaux axes de la politique étrangère de l'Algérie. A cet égard les documents relèvent "la fixation" des Algériens sur des plans devenus obsolètes, notamment le plan Baker. L'affaire du Sahara "est la plus importante question du gouvernement algérien auprès duquel on trouvera pas d'écoute" à ce sujet. "Le gouvernement algérien s'attache toujours à l'espoir que le plan Baker sera ressuscité", même si les responsables occidentaux ne cessent d'informer les responsables algériens qu'il s'agit d'un plan "obsolète".

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6 février 2011

notre Algerie

Alors que les deux pays du Maghreb sont confrontés à une vague de contestation, quelques points de repères pour comprendre les différences entre ces deux voisins.

 

La contestation, récurrente en Algérie, plus rare en Tunisie

En Algérie, la contestation est récurrente où régulièrement, les jeunes s'insurgent, brûlent des pneus, barrent des routes ou s'en prennent aux bâtiments publics en dénonçant la vie chère, la "malvie" ou la "hogra" ("mépris", terme utilisé pour désigner l'attitude des autorités vis-à-vis du peuple) sont nombreuses et virent souvent à l'émeutes.   

Les mouvements de protestation de rue en Tunisie étaient, jusqu'à ces derniers jours, beaucoup plus rares (à l'exception toutefois du mouvement de Gafsa en 2008), et en général moins violents.   

Des manifestations plus localisées en Tunisie

Alors que les manifestations se sont multipliées dans la plupart des régions d'Algérie ces derniers jours, les foyers de protestation en Tunisie, "demeurent les régions déshéritées du Centre (Sidi Bouzid) et de l'Ouest (Kasrine, Gafsa, etc.), délaissées par le régime de Zine El Abidine Ben Ali" qui privilégie les régions côtières, explique Yassin Temlali sur le site Maghreb émergent.   

L'opposition politique, étouffée en Tunisie, divisée en Algérie

En Tunisie, l'opposition est presque inexistante. Le régime de Zine el-Abidine Ben Ali est un régime de parti unique, qui contrôle presque tous les rouages de la société et de l'Etat. Les syndicats sont sous le contrôle du pouvoir, les islamistes en prison et les opposants souvent en exil. "La famille Ben Ali a écarté toutes les relèves potentielles. Il n'y a plus de relais du pouvoir, il y a la peur qui règne", souligne Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes.   

En Algérie en revanche, si le pluralisme politique est très relatif, "le FLN au pouvoir a gardé une légitimité du parti de libération nationale" et "dans l'espace public, les partis d'opposition peuvent s'exprimer", précise Karim Pakzad, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), à Paris.   

Néanmoins, si les militants des droits de l'Homme en Tunisie sont sévèrement traqués, ils font preuve d'une solidarité qui fait défaut en Algérie, relève Yassin Temlali sur le site Maghreb émergent. A Alger, "les 'démocrates' restent profondément divisés par leurs anciennes divergences sur l'attitude à prendre envers l'islamisme armé et le régime qui le combattait au nom de la sauvegarde de la République", souligne le journaliste algérien.   

La violence islamique et l'état de quasi guerre civile qui a déchiré l'Algérie ont longtemps servi de repoussoir à Tunis, ce qui a permis de justifier l'autoritarisme du régime. Raison pour laquelle il a d'ailleurs été longtemps été soutenu dans les chancelleries et une partie des médias occidentaux.   

La sclérose politique dans les deux pays

Au pouvoir depuis 1987, Ben Ali (74 ans) qui a entamé son sixième mandat en novembre règne presque sans partage sur le pays (Lire "le système Ben Ali). La famille du chef de l'Etat - celle de son épouse, Leïla Trabelsi surtout - gère de larges pans de l'économie, grâce aux privatisations en particulier.   

En Algérie, la réalité du pouvoir appartient à l'armée depuis l'indépendance. Le tout puissant patron des services de renseignement militaires, le général Mohamed "Toufik" Mediène est le véritable homme fort du pays. En cinquante ans ou presque, tous les présidents algériens ont été adoubés par les militaires, l'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika (73 ans) ne fait pas exception à la règle.   

Il est un domaine où les deux pays en revanche ont beaucoup en commun: la corruption endémique. La différence tient au fait qu'en Algérie, elle "gangrène toute l'administration", tandis qu'en Tunisie, "elle est circonscrite à la famille du président", estime Lahouari Addi, professeur de sociologie à l'université de Lyon, interrogé par Le Monde

La solidité des régimes, peu menacée à ce jour

Bouteflika est solidement installé estiment les experts. "Il a un parti politique, des organisations de masses, l'armée, la police, la gendarmerie qui le supportent. Surtout, une partie de la population continue à lui apporter son soutien, car il a réussi à faire en sorte que la fin de la guerre civile lui soit attribuée explique Selma Belaala, chercheuse au CERI interrogée par Rue89. Et tant qu'il permet de garantir la pérennité du système, l'armée qui l'a adoubé ne lui mettra pas de bâtons dans les roues. 

En Tunisie, si le régime apparaît en difficulté ces derniers jours, "il en faudra beaucoup plus pour le faire tomber: Ben Ali est soutenu par des classes sociales qui profitent du système clientéliste qu'il a instauré, et il peut utiliser la force pour pousser les manifestants à s'essouffler nuance Selma Belaala.   

La liberté d'expression, plus favorable en Algérie

Il n'existe aucune liberté d'expression en Tunisie, ou tous les sites, articles et blogs dérangeants sont systématiquement censurés - y compris les articles de la presse étrangère comme L'Express en a fait les frais. Si la contestation s'est emparée des réseaux sociaux, les rumeurs circulent de façon incontrôlée en raison de la censure.   

La presse algérienne jouit d'une plus grande liberté de ton. Même si elle est aussi victime de harcèlement, elle a le mérite d'exister. Ainsi, El Watan, comme plusieurs autres journaux, ont pu rendre compte chaque jours, depuis le début des émeutes, de la colère de la jeunesse: "Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous réclamons notre part aux richesses de ce pays." 

L'éducation, point fort de la Tunisie, mais...

L'éducation a été une des priorités et une des fiertés de Habib Bourguiba, le père de l'indépendance tunisienne. Le résultat est là. Avec un taux d'alphabétisation de 78%, la Tunisie devance l'Algérie (72,6%), elle-même loin devant l'Egypte (66,4) et le Maroc (56,4%). L'écart est plus important encore dans l'enseignement supérieur où le taux d'inscription est de 31,6% en Tunisie contre 23,9% en Algérie (et seulement 12,3% au Maroc), selon les données du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).   

Le chômage, un fléau partout

Le régime tunisien offrait à la population le bien-être économique en échange de l'absence de libertés; c'est le modèle chinois explique à Libération Pierre Vermeren qui enseigne l'histoire du Maghreb à l'université Paris-I. Mais, "basé sur le tourisme et la sous-traitance, les emplois créés sont très peu qualifiés. Au point que le salaire minimum dans le secteur du textile en Tunisie est inférieur à ceux du Maroc et de l'Algérie, comme le relève Business news

L'Etat tunisien "ne peut plus acheter la paix sociale". Le chômage des jeunes, qui atteint plus de 30%, prive ces derniers d'avenir, alors même que leur niveau de diplôme est relativement élevé précise Kader Adberrahim, professeur à la California University et chercheur-associé à l'IRIS, interrogé par L'Expansion.com.   

En Algérie, l'Etat est riche grâce à la rente pétrolière -il dispose de plus de 155 milliards de dollars de réserves de change- mais la population est de plus en plus pauvre souligne l'économiste Abderrahmane Mebtoul; et le chômage touche plus de 20% des jeunes. Le pays n'est pas parvenu "à passer d'une économie de rente à une économie de marché productive comme celle qui existe dans les pays émergents", précise-t-il. 

Autre différence, le chômage en Algérie "est en grande partie absorbé par le secteur informel. Les jeunes diplômés aussi se tournent vers ces emplois précaires plutôt que de rester sans travail. C'est finalement, sauf dans le cas de la Tunisie, un secteur refuge pour eux", explique l'économiste Lahcen Achy, économiste à l'institut Carnegie du Moyen-Orient

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